Dans une société où l’on parle de plus en plus « d’individualisme » à cause notamment de la mondialisation, du capitalisme et de l’accroissement des inégalités, l’altruisme et l’égoïsme sont deux notions qui font souvent débat.
Plutôt que de mettre en opposition ces deux concepts, nous avons choisi de mettre en exergue ce qui les rapproche. Nous verrons qu’ils sont plus proches qu’on ne l’imagine !
Les définitions
Pour commencer nous allons définir ces deux termes. Nous avons pris des définitions simples et généralement connues et admises par tous, elles sont tirées du Larousse.
Altruisme
Nom masculin (du latin alter, autre, avec influence de égoïsme)
Souci désintéressé du bien d’autrui : Agir par altruisme.
Égoïsme
Nom masculin (latin ego, moi)
Attachement excessif porté à soi-même et à ses intérêts, au mépris des intérêts des autres.
Considération exclusive de l’intérêt du groupe, chez tous ceux qui en sont membres : Égoïsme familial.
De plus en plus d’altruisme ?
Lorsque l’on parle d’altruisme, on évoque assez naturellement la solidarité. Elle a toujours existé et elle transcende les religions, les nationalités, les frontières.
Nous pouvons constater qu’il existe une myriade d’associations toutes causes confondues (maltraitance infantile, violences faites aux femmes, pauvreté, handicap et maladies graves …). Il en existe de toutes tailles, régionales, nationales, internationales. Même si, selon les déclarations d’imposition, le nombre de donateurs a diminué le montant des donations a augmenté. D’une part, nous pensons qu’à eux seuls ces chiffres ne peuvent refléter la solidarité car beaucoup ne déclarent pas ce qu’ils donnent surtout lorsqu’il s’agit de petites sommes. D’autre part, l’altruisme n’est pas seulement une question d’argent mais aussi et surtout de don de soi. Donner de son temps, rendre un service, écouter une personne mal en point, etc., n’est pas toujours quantifiable sauf lorsqu’il s’agit du bénévolat.
Nous pouvons prendre l’exemple des restos du cœur car il s’agit d’une association que tout le monde connait. En 30 ans, le nombre de repas distribués est passé de 8 millions à 130 millions. De même, le nombre de bénévoles a explosé. Les gens se sentent davantage concernés par les questions d’exclusion et de précarité. Pour en savoir plus sur ces chiffres nous vous invitons à vous rendre sur le site de Europe1 qui vous présente cette évolution entre 1985 et 2014.

Par ailleurs, nous assistons depuis plusieurs années à l’émergence de l’économie sociale et solidaire (ESS). De plus en plus d’entreprises, d’associations adoptent un modèle où l’humain est placé à cœur du projet à tous les niveaux. Le but étant d’être plus juste envers les salariés ou envers la société en adoptant des habitudes écologiques, durables et participatives ou en reversant une partie de leur bénéfice à des associations ou à leurs salariés. Aujourd’hui, l’ESS compte plus de 221 000 établissements employeurs et 10,5 % de l’emploi salarié. Ce qui est plutôt positif et il y a des grandes chances que cette progression continue dans les prochaines années. Nous pouvons parler « d’altruisme collectif ».
L’être humain peut être philanthrope, il est capable de donner une partie de ses biens à une personne qu’il ne connait pas ! C’est l’un des actes qui nous montre le plus la générosité de l’être humain. C’est le cas de nombreuses personnes qui, par exemple, lèguent une partie de leurs biens ou de leur fortune à des associations. Beaucoup d’entre nous la pratiquons souvent en faisant des dons à des associations qui utilisent cet argent pour aider des personnes que nous ne connaissons pas. Ici, nous sortons du schéma classique de l’entraide de proximité. Aider quelqu’un que nous n’avons jamais rencontré est un véritable acte d’altruisme !
L’égoïsme positif existe-t-il ?
Ici il n’est pas question d’aborder l’égoïsme « pur et dur » ; celui qui, pour reprendre la définition du Larousse, représente un « attachement excessif porté à soi-même et à ses intérêts, au mépris des intérêts des autres ». Nous allons évoquer l’égoïsme qui consiste à penser à soi avant de penser aux autres ou de penser aux autres en retirant un bénéfice.
Nous considérons de plus en plus l’être humain comme étant un être individualiste dans le sens ou il pense d’abord à son intérêt. C’est peut-être vrai en partie mais nous allons voir que l’égoïsme n’a pas systématiquement une conséquence négative, il est même parfois indispensable.
Indispensable, ça ne va pas ! Et bien si, il l’est en tous cas lorsque l’on parle d’estime de soi. En développement personnel, on insiste sur le fait que pour (mieux) aimer les autres il faut d’abord s’aimer soi-même. Par conséquent, dans ce cas précis, nous pouvons considérer que l’égoïsme est un « prérequis » à l’altruisme.

D’autre part, Il arrive également que nous soyons plus généreux car cela nous procure de la joie en retour. Dans ce cas-là, doit-on parler d’égoïsme sous prétexte que donner nous rende heureux ? De notre point de vue, il est plus approprié de bonheur partagé et de plaisir d’offrir.
Malheureusement, il peut arriver que certaines personnes le fassent de manière intéressée afin d’être reconnues comme étant charitables, altruistes. Néanmoins, l’être humain n’étant pas dupe, ces individus sont souvent reconnaissables car ils clament haut et fort leurs actions. Il s’agit là du véritable égoïsme même si en fin de compte l’être qui reçoit profite de cette générosité calculée. L’altruisme implique le fait que l’on agisse de manière désintéressée.
Altruisme ou égoïsme caché ?
De nombreux mouvements ou personnalités, telles que le sociologue Peter Blau ou encore la psychanalyste Anna Freud , ont soutenu le fait que tout altruisme révélait un égoïsme caché.
Nous ne sommes pas totalement d’accord avec ce principe car l’empathie nous pousse à agir spontanément de manière altruiste. N’avez-vous jamais aidé quelqu’un sans réfléchir ? Bien évidemment beaucoup le font en aidant, par exemple, une personne qu’ils estiment être dans le besoin sans penser à ce que cela pourrait leur apporter.
Leur théorie se base, entre autres, sur le fait que la personne qui agit par altruisme retire un plaisir. Ceci est évident mais cette sensation vient après que l’acte ait eu lieu donc il est secondaire. C’est pareil lorsqu’il s’agit de reconnaissance sociale sinon toutes les associations auraient été créées dans le seul but d’en retirer un bénéfice social. Comme nous l’avons souligné plus haut, il est évident que certains individus sont de sournois calculateurs.
Enfin, ils mettent en évidence le fait que nous agissons parfois par solidarité afin de faire une bonne action, c’est notamment le cas dans les religions. Mais là encore, le but premier d’une bonne action est de faire don de soi afin d’aider une personne qui en a besoin. Pensez-vous que des personnes qui s’engagent dans l’humanitaire le font égoïstement ? La réponse est non sans hésitation ! On ne se dévoue pas des années aux autres uniquement pour en retirer une reconnaissance quelconque, qu’elle soit d’ordre religieuse ou non !
En réalité, ces théories sont basées sur des cas particuliers. Oui, certaines personnes sont égoïstes au sens le plus simple du terme, elles agissent uniquement pour servir leurs intérêts personnels. Certaines font mine d’aider les autres soit pour en retirer une certaine reconnaissance sociale ou pour que la personne aidée se sente redevable. Dans ce cas -là, nous ne parlons plus d’altruisme car l’intention est purement égoïste dans le sens où l’individu pense d’abord à son intérêt avant de penser à celui de la personne dans le besoin.
En fin de compte, lorsque nous regardons autour de nous, nous trouvons que les gens sont de plus en plus altruistes, quel que soit le type d’actes, notamment à cause des grandes catastrophes que nous avons pu traverser ces dernières années (climat, crise économique et sociale, terrorisme …). Les réseaux sociaux également jouent également un grand rôle dans cette évolution grâce aux campagnes de sensibilisation et aux chaines de solidarité.
Et si l’altruisme cache parfois un peu d’égoïsme, l’essentiel n’est-il pas la finalité, surtout si celui-ci ne cache rien de malsain ? Si chacun peut en retirer un avantage, un plaisir, est- ce vraiment mal ? Qu’en pensez -vous ?

« Soyez intelligemment égoïstes, aimez-vous les uns, les autres. » !
Dalai Lama